Plaidoyer pour un Compte Carbone Individuel (sept 2025)

Plaidoyer pour la mise en place par l’État des Comptes Carbones Individuels (1)

De nombreuses associations – le Compte Carbone et ses alliés (2), le Shift Project (3), ACTE (4) et d’autres – convergent vers un même objectif : que le climat, ce bien commun de l’humanité, soit défendu par une action structurée de l’État. Celui-ci doit assumer son rôle et montrer la part de responsabilité de chacun, grâce à un Compte Carbone Individuel. Étonnamment, cette organisation indispensable à l’atténuation du dérèglement climatique par le grand public n’a pas encore été instaurée. Trois raisons : la hiérarchie des priorités reste floue, la pédagogie des promoteurs est insuffisante, et les moyens nécessaires sont surestimés.

1 / L’excès de consommation d’énergie fossile n’est pas la seule cause, mais il est la cause principale de nos problèmes : effet de serre, dérèglement climatique, perturbation des cycles de l’eau, des cultures et de la biodiversité. Réduire puis supprimer cette dépendance à l’énergie fossile suppose d’importantes décisions individuelles, volontaires et coordonnées par l’État, car les menaces sont graves et le chemin difficile. Aujourd’hui les deux tiers de l’énergie que nous consommons sont d’origine fossile (5). Pourtant, beaucoup de citoyens occultent cette chaîne principale de causes et d’effets.

2 / Les associations proposent des lois contraignantes avec une obligation de résultat, mais elles échouent à franchir le cap politique : l’électeur rechigne à accepter une contrainte liberticide dont il ne perçoit pas l’urgence. Nous avons besoin d’une pédagogie qui doit d’abord reposer sur une démarche collective indolore et si possible attractive. Les citoyens seront intéressés à connaître leur empreinte carbone si les calculs sont réalisés par l’État, les entreprises et les banques. Tous les citoyens doivent être concernés, sans exception. À ce stade, il ne doit pas y avoir de sanctions. Mais une mini-taxe symbolique sur l’évolution annuelle de l’empreinte du citoyen concerné donnerait encore plus de sens et de poids à la démarche.

3 / Aujourd’hui, l’heure n’est pas aux nouvelles dépenses publiques. Profitons-en pour agir autrement : investir le champ de la motivation individuelle et attribuer à chacun la mesure de la pollution générée par son mode de vie. L’apparente complexité disparaît si l’on rappelle que l’énergie, créée par le soleil ou le nucléaire, se conserve dans ses changements de forme jusqu’à l’état de chaleur. Pour récupérer l’énergie stockée dans les temps anciens, la combustion des matières fossiles produit toujours la même quantité d’énergie par unité de CO₂ : un kWh utilisé génère 0,4 kg de CO₂. Comme l’énergie est déjà mesurée partout et facturée, il est aisé de suivre sa trace et donc celle du CO₂. Dans le cycle de fabrication des biens et services, toutes les énergies utilisées en amont peuvent être imputées au consommateur final. Ainsi, l’État pourra établir simplement des Comptes Carbone Individuels fondés sur les données comptables des entreprises.

Un enjeu vital rendu accessible par une méthode simple : qu’attendons-nous ?

Dominique de Rotalier

1 = http://association-acte.org/2024/06/21/oui-il-existe-bien-ce-chemin/

2 = https://comptecarbone.cc

3 =  https://fr.wikipedia.org/wiki/The_Shift_Project

4 = https://association-acte.org

5 = https://editionsdudauphin.com  Sortir du réchauffement climatique,  page 34.