Climat : bien comprendre pour mieux agir

Le texte « Le réchauffement climatique raconté à un enfant » ci-dessous a été écrit dans le cadre de la préparation des animations à l’école de la rue Saint Martin. Il définit des lignes conductrices pour une présentation du problème climatique aux enfants. Indépendamment des questions politiques il cherche à mettre en évidence la compréhension du phénomène et les nécessaires attitudes individuelles qui en découlent. D’où un besoin essentiel d’information, de formation, d’apprentissage et d’éducation.  Le projet final devra s’adapter aux différentes tranches d’âges, aux circonstances et aux capacités de compréhension du public concerné.

La justesse scientifique de ce texte a été validée par Jean Jouzel, membre du GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental pour l’Etude du Climat), à l’occasion d’une correspondance avec lui.

 

Le réchauffement climatique raconté à un enfant

 

Léon joue avec son papa. C’est l’heure des informations à la radio. « Demain, journée mondiale pour la lutte contre le dérèglement climatique ».

 

** Dis papa, qu’est-ce que c’est le dérèglement climatique ?

 

# Je vais t’expliquer. Mais commençons d’abord par regarder les choses invisibles.

 

** Qu’est-ce que c’est les choses invisibles ?

 

# C’est certaines matières qui se transforment et continuent à exister, mais on ne les voit plus. Comme par exemple le grain de sel quand on le met dans l’eau. On voit bien qu’il est là si on goûte l’eau, mais il est invisible.  Une autre chose invisible c’est l’eau de la casserole qui bout, elle n’est bientôt plus dans la casserole, mais elle ne se voit pas dans l’air et on la revoit en partie dans la buée sur les vitres.

Il y a aussi une chose invisible importante à laquelle on ne pense pas toujours, c’est ce que devient l’essence qui fait marcher les voitures ou le pétrole qui est utilisé dans les usines. L’essence et le pétrole sont des énergies fossiles. C’est celles qui sont extraites des profondeurs de la terre. Quand on utilise les énergies fossiles elles se transforment en un gaz qu’on appelle le gaz carbonique ou simplement « le CO2 » qui lui aussi est invisible, et qui reste mélangé à l’air.

 

** Mais pourquoi est-ce qu’on n’aime pas le CO2 si c’est comme l’eau de la casserole ?

 

# C’est la deuxième chose que je vais t’expliquer : certaines choses s’accumulent autour de la terre. Le CO2 en est une. L’eau par exemple ne s’accumule pas, elle retombe toute seule en pluie. Mais une grande partie du CO2 qu’on met dans l’air reste mélangé à l’air et s’accumule. C’est comme pour les grains de sel dans le verre d’eau, ils rendent l’eau de plus en plus salée et on ne peut plus les enlever pour revenir en arrière. Au début on commence seulement à trouver que l’eau n’est pas très bonne mais à la fin le verre d’eau est imbuvable. C’est pareil pour le CO2 dans l’atmosphère.

 

** Mais qu’est-ce-que ça peut faire qu’il s’accumule puisqu’on ne le voit pas et qu’on ne le sent même pas ?

 

# C’est la troisième explication : le CO2 provoque un effet de serre. C’est comme une voiture au soleil si toutes les fenêtres sont fermées. Il fait vite trop chaud à l’intérieur. Le CO2 fait comme une vitre au-dessus de nous, il nous enferme et ça change le climat de la terre.

 

** Mais pourquoi c’est grave ?

 

# Parce que le climat c’est ce qui conditionne toute la vie sur terre. S’il fait vraiment trop chaud ou trop froid on ne peut plus vivre. Et les animaux et les plantes non plus. L’effet de serre fait aussi fondre la glace des pôles et donc monter le niveau de la mer.

L’effet de serre est un phénomène qui peut être très fort. Par exemple sur la planète Vénus qui ressemble un peu à la terre l’effet de serre chauffe le sol à 460º, c’est énorme.

 

** Mais ici on ne voit pas de catastrophes aujourd’hui, On s’en occupera quand ça deviendra vraiment menaçant, non ?

 

# Tu te trompes, Léon, c’est comme le sel dans le verre d’eau, c’est toujours à la fin qu’arrivent les problèmes. Et à la fin, il n’y a plus rien à faire pour changer les choses.

En plus il y a des risques imprévisibles. Dans la nature quelquefois un petit changement peut provoquer des réactions en chaîne et le mouvement démarré continue tout seul. C’est comme une voiture qu’on a un peu poussée et qui descend la pente toute seule. C’est aussi comme un incendie qui se propage à tout l’immeuble.

Aujourd’hui les hommes continuent à pomper tous les jours du pétrole et à fabriquer du CO2 et le climat change déjà.

 

** Alors il n’y a qu’à arrêter tout de suite d’utiliser ces énergies fossiles qui font du CO2 !.

 

# Tu as bien raison.

Mais abandonner les énergies fossiles ce n’est pas si simple car nous nous sommes habitués à les utiliser presque partout. Par exemple pour se chauffer, se déplacer, faire pousser les plantes plus vite etc.

C’est un problème ! Mais il y a beaucoup de solutions. D’abord, chacun peut décider ou non d’utiliser des énergies fossiles, celles qui font du CO2. On décide d’acheter quelque chose ou de ne pas l’acheter et on choisit ce qu’on veut acheter. Ce qu’on a décidé d’acheter, il a bien fallu le fabriquer, avec peu ou beaucoup d’énergie utilisée selon les produits choisis. Il s’agit donc pour chacun d’apprendre à reconnaître ce qui utilise les énergies fossiles. Ensuite chacun peut compter les quantités qu’il a l’habitude d’utiliser (on dit « faire son bilan carbone »). afin de pouvoir réduire le total, petit à petit, à zéro.

 

** Réduire à zéro, c’est compliqué, non ?

 

# En réalité c’est assez simple. Il y a trois étapes. On les appelle « énergies renouvelables », « sobriété », « efficacité énergétique ».

Les « énergies renouvelables » c’est celles qui ne sont pas « fossiles ». Tu connais les éoliennes, les panneaux solaires photovoltaïques, il y en a d’autres. On peut décider d’acheter ces énergies renouvelables que la nature est capable de renouveler toute seule, et choisir celles-là à la place des énergies fossiles. Mais ces énergies renouvelables sont nouvelles, pour le moment il n’y en a pas pour tout le monde et elles sont un peu plus chères.

Alors on peut décider d’économiser l’énergie qu’on utilise aujourd’hui. Justement la deuxième solution c’est la « sobriété » : on décide d’éviter les gaspillages. Et des gaspillages il y en a beaucoup. L’électricité qu’on utilise sans faire attention dans la maison pour le chauffage ou l’éclairage, certains grands voyages, surtout en avion, les objets ou la nourriture qu’on achète et qu’on jette parce que finalement on n’en a pas besoin, etc.

Souvent la sobriété permet aussi d’économiser de l’argent.

« L’efficacité énergétique » : on choisit la machine ou le moyen qui consomme le moins d’énergie : le train au lieu de l’avion ou de la voiture, le vélo au lieu du métro, les protéines végétales au lieu de la viande etc. On fait attention à ce qu’on achète, et à qui on l’achète.

Avec ces trois solutions, si on s’y met, on arrive à vivre bien tout en diminuant progressivement ses émissions de CO2.

 

** Mais c’est un gros changement dans nos habitudes, on ne peut pas faire ça très vite et pendant ce temps on va encore accumuler du CO2 qui fera des dégâts pour le climat !

 

# C’est effectivement le problème. En 2015 tous les pays de la terre se sont réunis pour en discuter ensemble. C’était la « Cop21 ». Ils ont décidé qu’un rythme raisonnable était de diminuer progressivement les émissions de CO2, pour les supprimer complètement en 2050, en commençant tout de suite de manière à avoir réduit de moitié en 2030. Il ne faut pas oublier quelque chose de très important : zéro au total c’est zéro pour chacun. Ça veut dire que tout le monde doit le faire car tout le monde est concerné.

Cette décision est un compromis :  d’une part cela demande de vraiment s’en occuper dès maintenant et d’autre part il y aura quand même des dégâts importants à cause du climat : des milliers de personnes perdront leur maison et quelquefois leur pays.

Chacun change ses habitudes à sa vitesse, mais le plus vite possible, et en vérifiant qu’en moyenne au moins la moitié du chemin sera parcouru en 2030.

 

** Je comprends qu’il ne faut pas faire comme le lièvre de La Fontaine dans sa fable « Le Lièvre et la Tortue », croire qu’on a le temps et finalement arriver trop tard !                   

 

 

Novembre 2019     Dominique de Rotalier       derotali@yahoo.fr

« Nos 3 % » : agir concrètement contre le dérèglement climatique !

Peu à peu, les gens comprennent que les changements climatiques sont une menace grave et qu’il faut agir avant que le stock accumulé de CO2 dans notre atmosphère soit devenu insupportable. C’est-à-dire agir tout de suite, et tous. Mais comment savoir quels sont les efforts que l’on doit faire, chacun individuellement ?

Une seule solution : estimer notre production actuelle de CO2, et décider de la réduire progressivement mais drastiquement, dans l’idée de parvenir à zéro émission d’ici les années 2050. C’est une responsabilité individuelle, avec éventuellement à moyen terme l’aide des pouvoirs publics.

Nous ne sommes pas partis pour un sprint mais pour un marathon : il faut mesurer sa production de CO2 chaque année, et la réduire année après année. Quelques points de pourcentage cumulés chaque année suffisent.

Pour mesurer sa production de CO2, il existe un outil de mesure, qui semble simple et efficace : MicMac. Certaines rubriques doivent être remplies avec soin (par exemple: électricité, gaz, transport ou alimentation). D’autres ne sont pas forcément indispensables. Cet outil vous permet d’obtenir un joli tableau de bord de voter consommation de CO2.

Quelques membres de l’association ACTE ont décidé :

  1. de mesurer leurs émissions individuelles de CO2,
  2. de s’engager à les réduire en moyenne de quelques points de pourcentage chaque année,
  3. d’informer sur les résultats auxquels ils aboutissent.

Vous aussi, participez à cette action : engagez-vous ! N’hésitez pas à nous contacter.

Prochaine réunion : le 20 avril 2017, à 19h.

Pour en savoir plus : consultez notre rubrique, « Justice climatique« .

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